où est le "véritable Islam"?

Qui peut dire"voila ce qu'est le véritable Islam"? Ceux qui rejettent le terrorisme ou ce qui s'en réclament? Sur quelle base peut on poser une telle affirmation? Il est un fait que la religion sert de fondement aux constructions morales et philosophiques (au sens le plus large) des individus. Le problème est qu'on peut lui faire dire n'importe quoi. L'argument religieux semble être le support des engagements, quels qu'ils soient, d'où qu'ils viennent, pour ceux qui veulent vivre en paix comme pour ceux qui veulent en découdre avec le monde.

Aucune religion n'est indépendante du contexte social et du moment historique. Une religion ne peut se développer et durer qu'en évoluant en fonction des fluctuations de la société. Dans le meilleur des cas elle sert de stabilisateur en modérant les débordements intempestifs, dans le pire elle sert de frein au progrès et d'abrutissement de masses incultes.

C'est dans cette perspective qu'il faut se garder de fustiger l'Islam. L'Islam est le plus moderne des trois monothéismes. Les deux premiers se sont développés dans des mondes en déclin: la défaite et l'exode pour les juifs, le déclin de l'empire romain pour les chrétiens. L' Islam lui est né dans une société conquérante, étendant son empire de la Perse à l' Espagne en même temps qu'elle flamboyait dans les domaines des arts de la culture et des sciences. Des intellectuels de haut niveau ont bâti un corpus où rien ne heurte la raison: à part la révélation (inévitable) il n'y a rien de magique, pas de miracle. Si Dieu n'est ni représenté ni représentable, c'est parce qu'il se situe hors du monde matériel et donc inconcevable aux yeux des hommes. Toute image, statue le représentant pourrait donner lieu à une adoration, à un culte, et cela relèverait de l'idolâtrie, de la superstition, du sacrilège rétrograde. Les musulmans n'implorent pas de saints, ne demandent pas de faveur dans leurs prières: ils se prosternent simplement devant la puissance infinie qui dirige le monde. Si le Coran est intouchable, il est écrit de telle façon qu'il doit être pris comme une source de réflexion et d'interprêtation, une introduction au mystère, au questionnement, au doute. Lu avec le recul du temps.

Ce magnifique jalon de civilisation est bien abîmé par le monde moderne. Dans la défaite face à l'occident l'Islam est emprunt de nostalgie. Le fait que les peuples soient mis en fureur par des caricatures bien plus que par toutes les injustices, les violences, les misères qui les accablent montre que c'est de leur propre image qu'ils souffrent avant tout. Nous autres occidentaux refusons de renoncer au blasphème considérant que nous nous renierions et abdiquerions devant la brutalité et l' obscurantisme. Il ne faut pas confondre rigolade et arrogance. Tout le monde, quelles que soient ses croyances, doit se sentir responsable et faire ce qu'il peut à son niveau pour que l' Islam ne serve pas de refuge à tous les paumés de la planète. La satire relativise et s'oppose à l'absolutisme. C'est notre sacré. Elle ne saurait être confondue avec le mépris et encore moins avec la haine.