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17 décembre 2013

La dernière porte

 Il y a plus de  1000 siècles que l'homme a entrepris sa marche vers le progrès. Perfectionnant ses armes, apprenant à faire du feu, imaginant sa place dans l'univers, essayant de comprendre le mystère du temps, de la vie et de la mort,  tout au long de ces siècles il a cherché à concilier les prodigieuses possibilités et les terrifiantes interrogations sa raison lui apportait. Alors pour donner un sens à sa vie, pour donner une réponse à l'inimaginable, à l'insupportable néant qui bornait sa conscience il s'est créé des dieux. Les religions ont permis d'ordonner la vie, d'en fixer les règles. De ritualiser, c'est à dire de s'emparer de tout ce qui s'imposait aux hommes: la naissance, les saisons, la reproduction, la mort.

Depuis très peu de temps la science a sérieusement mis à mal l'hypothèse d'un dieu. Nous avons appris à contrôler les naissances, on a des enfants si et quand on veut. On peut vivre dans une sécurité matérielle et un confort inouïs comparé au époques passées. Les progrès de la médecine, de l'alimentation, du bien être en général ont triplé l'espérance de vie. Autrefois, quand on avait passé l'âge de se reproduire et d'élever ses enfants, quand on était devenu trop vieux pour chasser, travailler, combattre, on quittait la vie. C'était ainsi. Aujourd'hui au même âge on commence à penser à sa retraite, on s'achète le vélo de course dont on a toujours rêvé. On se met à la gymnastique.

Un nouvel âge est né. Passées les années rando, taï chi, pétanque, bal des anciens, vacances avec les petits enfants vient le temps du lent déclin, des douleurs, des trous de mémoire, des cachets qui s'accumulent sur la table du petit déjeuner. Cette médecine qui nous a offert une vie si merveilleuse va  faire durer cette époque de plus en plus, quand vient le temps où elle n'espère plus soigner mais simplement ralentir, prolonger non la vie mais l'agonie. Encore 10 ans, encore 5, encore 1. Du fauteuil au jardin, du fauteuil à la fenêtre, du lit au fauteuil, et puis du lit au lit, pour paraphraser le cher Jacques Brel. On nous annonce des progrès. Ça va durer de plus en plus.

Notre puissance nous a libéré de bien des fatalités. Notre puissance nous oblige désormais à prendre en charge ce que la fatalité a toujours fait jusque là, le pire du pire, ce qu'on veut repousser de toutes nos forces. Tôt ou tard il faudra assumer, quand on aura admis qu'il n'est pas souhaitable que la vie se termine par un interminable je ne sais quoi, quand on prendra en considération que la plupart des gens ont désormais plus peur de la vieillesse que de la mort.

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Commentaires
G
Eh! Oui! Il faudra admettre le droit au départ *volontaire* à l'issue de ce qui est le sort des hommes: naître (d'un hasard?) croître, se reproduire, puis vieillir et enfin rentrer dans le néant.
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