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17 septembre 2013

Une honte qui risque de durer longtemps

 

Ca y est, c'est reparti pour le "débat" sur la sécurité, avec la controverse entre Christiane Taubira et Manuel Vals à propos de la réforme du Code Pénal, et la charge traditionnelle de l'UMP et du FN sur l'angélisme de la gauche. Comme toujours, c'est l'affrontement qui intéresse aussi bien les partis que les médias   plutôt que la pertinence des arguments. La solution aux problèmes n'est pas leur préoccupation, ce qu'ils cherchent, c'est à capter l'opinion pour gagner qui des lecteurs, qui des téléspectateurs, qui des électeurs. Et à ce petit jeu, les solutions simplistes s'imposeront toujours face aux autres. Et l'argument le plus efficace est celui qui exaspérera la haine des braves gens ( si chers à Brassens ) et leur soif de vengeance.

Il n'est pas question de nier que la peine doit répondre au crime. C'est juste et c'est moral, et comme son nom l'indique, une peine implique une douleur pour l'intéressé. D'autre part, la prison est sans doute une nécessité pour les personnes qui ont commis des faits graves et qui restent dangereux. La société doit pouvoir exclure ceux qui ont rompu gravement le "pacte social". Mais si on ne veut les enfermer jusqu'à leur mort, il faut bien un jour les libérer. Cela veut dire trés explicitement les admettre à nouveau dans la communauté, leur permettre d'y reprendre place une fois leur dette payée. Cela implique un certain nombre de choses que nos prisons telles qu'elles sont sont bien loin de réaliser.

D'abord la prison devrait être un lieu de droit, le lieu où le respect des lois est absolu. Un lieu ou règne la sécurité pour tous, gardiens et prisonniers. Dans l'état des choses, c'est loin d'être le cas. En fait, nos prisons coupent les personnes de tout ce qui les rattache à la société: leur famille, leur emploi, leurs liens sociaux, et même la pudeur et l'hygiène. Elles perpétuent tout ce qui les a conduit à la marginalité: la violence, le caïdat, l'oisiveté, même les drogues. La prison multiplie la révolte contre la société, met les délinquants en relation entre eux, les plus durs contaminant les petites frappes, ceux qui sont là par accident. Elle accueille des chiens perdus et libère des fauves. Les "sorties sèches" sont une aberration. Une part importante des libérés n'a ni logement, ni travail, se trimballent de sérieux problèmes psychologiques. 

Il serait de l'intérêt de tout le monde de mettre en place un système pénal radicalement différent. Ce n'est pas seulement une question de morale élémentaire, c'est aussi une question d'ordre social. Les peines alternatives et les libérations conditionnelles ont démontré partout dans le monde leur efficacité.De plus, une personne en probation, c'est à dire en milieu ouvert, coûte bien mois cher à l'Etat qu'un prisonnier. La question des moyens ne se pose donc pas, c'est une question de choix. Tous ceux qui ont étudié ces questions savent tout cela. L'inhumanité de notre système répressif est une honte pour le France.

Alors posez vous des questions sur tous ceux qui prônent d'enfermer encore et encore, qui poussent des cris d'orffraie quand un condamné en liberté conditionnelle commet un délit, qui laissent entendre que la Gauche préfère les voyous aux honnêtes gens. Demandez vous ce qu'ils cherchent...

 

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