Il faut sauver les sauvages

Les hommes et leurs animaux domestiques représentent 98% du poids des vertébrés qui peuplent la planète. Commencée timidement il y a environ 35000 ans, la conquête du monde sauvage par notre orgueilleuse espèce de primates voit aujourd'hui son terme aboutir.

Les éleveurs africains tirent au fusil sur les derniers lions, de même que nos bergers se révoltent contre la réintroduction des loups, ours ou vautours qui menacent leurs troupeaux. Ces prédateurs participaient autrefois à l'élimination des animaux malades, des cadavres, limitaient la prolifération des rongeurs et des herbivores. Les chasseurs et les modes d'agriculture ayant exterminé le gibier, les carnassiers n'ont plus d'autre solution que de se rapprocher de nos villages. A force d' avoir déréglé les équilibres naturels, nous ne supportons plus de partager l'espace avec les autres espèces.

Avec les derniers hommes sauvages disparaîtront sans doute les dernières bêtes sauvages. Nos enfants, en dehors des chiens et chats ne verrons des animaux que dans les zoos, même plus dans des fermes puisque les animaux qu'on mange sont élevés dans des usines qui sont tellement dégueulasses qu' on ne les visite pas.

On dit que la planète est en danger. C'est faux, c'est encore une vue de notre anthropocentrisme. Simplement la terre nous punira d'avoir voulu en prendre possession. Cette bataille aura des vainqueurs et nous n' en ferons pas partie. Nous ne survivrons pas à l'élimination de la vie sauvage. Mais les bactéries, certains insectes, les méduses assureront le redémarage du vivant pour les milliards d' années qui suivront.

Il est plus que temps de déposer les armes et de faire la paix avec le monde sauvage. Nous ne sommes même plus en mesure de négocier. Il, faut accepter les conditions qui nous sont imposées par l'adversaire, et que celui ci redevienne notre ami.