La Haine

La haine de l' étranger est la plus naturelle, la plus universelle, et la plus répugnante tendance du genre humain. Paradoxe? Le fait d' être paradoxale est souvent le signe qu' une vérité est vraie car la vérité est toujours complexe. L' étranger intrigue, l' étranger dérange, l' étranger inquiète. Il remet en cause nos façons d' être au monde. Il pense différemment des choses que nous pensions aller de soi. On attend de celui qui vient s' installer dans notre pays qu' il en respecte les usages et les valeurs. Lévy Strauss a défendu cette idée, toute société est attachée à sa conservation.

Le Front National exploite cela en le tordant dans le mauvais sens. Le Front National est une institution perverse qui part de choses parfois vraies pour aller vers son véritable objectif qui est de déstabiliser la démocratie en utilisant les deux outils les plus commodes: la peur et la haine. Il mobilise pour cela les plus emblématiques représentations de notre nation: le drapeau, l' hymne national, et cette pauvre Jeanne d' Arc. Il sait que nos attachements sont essentiellement d' ordre affectif, et que pour enflammer, il est plus efficace de s' adresser aux viscères qu' au cerveau. Pour haïr, il faut faire abstraction de celui qu' on a en face, ignorer qui il est, le réduire à une caractéristique: le grand, le petit, le gros, le con,  le délinquant, l' ÉTRANGER. Déni absolu de toute notion de justice. Imagine-t-on comment réagiraient les communautés d' immigrés si par malheur ils appliquaient leur programme? Le Front National entraîne notre pays vers un univers cauchemardesque de divisions et de violences. Il veut le pouvoir pour les méchants avec le soutien des cons ( ça fait du monde! ). Il prône un monde qui renie ce qui a fait la France depuis l' antiquité. Le fait qu' il tente d' édulcorer sa langue de bois ne doit pas faire illusion. La bête est sournoise, et son ventre est toujours fécond!

 Ps. qui n' a rien à voir, encore que, si on veut considérer les choses magnifiques que des étrangers peuvent nous apporter, il faut aller voir "le Passé", de l' iranien Asghar Farhadi. Toute une salle qui sort en s' essuyant les yeux!